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LA RAIZE13 , RANDO CHATAIGNAISE

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Biiip « Salut Gwendal, c’est Rodolphe, j’ai un gros problème au taf, je ne pourrai pas partir à 18h30, appelles-moi dès que tu as le message, qu’on s’organise autrement »
Une heure plus tard mon compagnon de route me rappelle et m’annonce que lui aussi est super à la bourre on refait un point plus tard.
22h00 sonnant, je suis de retour à la chaumière, je parviens à joindre Gwendal qui se met en route pour me récupérer et partir plein sud vers un haut lieu de l’enduro vendéen, Saint Michel Mont Mercure.
Notre arrivée se fait dans l’obscurité la plus totale, il est 01h15 du matin et cette nuit est sans lune, black-out complet. En enduriste prévoyant, mon chauffeur fait apparaitre deux lampes frontales et nous installons le bivouac de suite, afin de reposer nos muscles, qui seront mis à rude épreuve demain. Enfin ça c’est la théorie, car nous ne sommes pas les seuls à être arrivés la veille et nos voisins les plus proches semblent partis pour une nuit de réveillon…

Cocoriiiiiico !! Le jour pointe à peine, il est 6h00 et tout est silencieux alentour à part ce maudit coq qui s’égosille une heure trop tôt. Après quelques vaines tentatives pour prolonger cette trop courte nuit, j’enfile mon jean, mes baskets et je parts, non pas égorger ce pauvre volatile et exécuter un rite satanique, mais faire le tour du parc coureur en attendant que le café soit prêt.
Je vais secouer cette marmotte de Gwendal et nous allons, papiers réglementaires en poche vers le contrôle administratif et se faire offrir le café-brioche de bienvenue.
Bien que matinaux, nous poirotons comme à la poste lorsque nous voyons débarquer Denis, les yeux aussi rouges que le cadre de sa Béta mais d’humeur joviale et il nous distille quelques conseils sur la rando à venir. « ça roule vite à la Raize, c’est pas difficile, faut pas hésiter à prendre toute les rouges ». Je n’ai toujours pas déterminé s’il m’a dit ça sincèrement (parce qu’il a oublié que je n’ai que quelques sorties à mon actif) ou pour me rassurer, parce que pour moi cette balade est à ce jour ce j’ai roulé de plus costaud.
Brioche bu et café mangé, désolé la nuit a été courte, nous passons au contrôle technique puis laissons nos montures sur la béquille pour aller nous équiper. La pression monte lors du départ « en cage », en rang par quatre, lâchés sur la boucle toutes les une minutes trente. Ici c’est la rando libre, pas de gentils ouvreurs pour t’indiquer le chemin, tu navigues à la balise, tu t’orientes au panneau, un peu comme au ski, la neige en moins, mais la glisse quand même et c’est tant mieux. Il n’y a pas non plus d’échauffement, au bout d’à peine cinq minutes, tu te retrouves à grimper sur des cailloux qui pourraient servir à consolider la digue de Pornichet, à descendre dans la terre meuble, sans caler ton moteur, sans caler ton épaule contre un arbre, à remonter des raidillons avec marche, atterrir en bordure de champs et se retrouver dans la poussière soulevée par ton prédécesseur. Après cette mise en jambe forcée, commencent à apparaitre au détour de chemins ou de bois les fameux panneaux. de couleur, n’écoutant que mon courage et les conseil de Denis, j’opte pour le bleu, et je fais bien car dans la première heure du parcours, je tombe six ou sept fois. Pourtant rien n’entame mon moral d’acier, chaque fois je relève la moto, qui se trouve parfois de bien vilaines postures, je kicke trois quatre fois puis repars à l’assaut de ce superbe terrain de jeu. Oui les parties techniques sont difficiles pour le débutant que je suis, mais les liaisons sont magnifiques, nous parcourons de petits chemins caillouteux rapides à l’ombre des châtaigniers, nous dévalons des champs pentus aux roches affleurantes sur les lesquelles nous jouons aux cabris, mettons du gros gaz en lisiière de champs afin de nous affranchir de la poussière qui nous pique les yeux et nous bouche le nez. Plus de deux heure durant, le Mont Mercure nous laisse lui chatouiller les côteaux de nos crampons. Celui-ci étant le point culminant de la Vendée (290 mètre tout de même) nous jouissons d’un panorama des plus alléchant, sur la campagne boisée des environs, le tout sublimé par la météo ensoleillée. Au détour d’un bois de châtaigniers (ne chercher pas autre chose il n’y a que ça comme arbre dans le coin), nous débouchons sur un côteau au fort pourcentage de verticalité, coupé en son milieu par une marche dont la hauteur et la raideur augmente au fur et à mesure de la progression sur la zone, en clair un piège à con qu’il faut négocier avec doigté du frein avant et finesse du coup de gaz…
Nombre de participants y laissent des litres de sueur, y polissent l’embrayage, y perdent tout espoir de vaincre un jour Johny Walker (l’enduriste hein, pas le bonhomme en queue de pie sur une étiquette de whisky) voir un package des trois propositions citées précédemment. Je me sors de cette piste du diable sans chuter et c’est non sans une certaine fierté que je m’accorde une pause et un coup à boire. Je retrouve Gwendal que j’ai perdu dès le début de la rando, monsieur faisant le zouave sur les rouges pendant que je galère sur les bleues, mais bon chacun son niveau…
Notre binôme termine rapidement la boucle pour aller déguster une bière bien fraiche que nous sirotons en admirant des funambules du vélo, des extra terrestres de la pédale, des trialistes vttistes, vraiment impressionnant l’aisance qu’on ces types.
Les bénévoles du cru nous accueillent au buffet où nous déjeunons fort bien, salade composée, terrine, confit de joue de porc, tarte le tout arrosé de cristaline, on se contentera du café pour se donner du courage cette après midi.
Motivés comme jamais, Gwendal et moi repartons au galop alors que Denis traine les bottes et nous dit qu’il ne repart qu’à 15h00 soit disant pour ne pas être dans la poussière, mouais admettons… Je sors tout mon talent (j’en ai pas trop, ça prend pas longtemps) pour ne pas me laisser distancer par la Husky. Je passe les pièges du matin sans trop forcer et je me régale d’autant plus sur le roulant , à fond ou presque.
Soudain, en passant dans un bois de châtaigniers, encore eux, grosse fumée qui pue remontant sur le flan droit de la machine, une branche vient de décapiter la durit qui relie le radiateur à la pompe à eau , la sentence est sans pitié, c’est l’abandon. J’appelle de suite le numéro inscrit sur le bracelet et ainsi me fais rapatriller. Dix minutes plus tard, la Honda dans le camion et la mort dans l’âme, je rentre au bivouac attendre patiemment que mes collègues reviennent, j’erre dans le parc coureur, discute avec les voisins, tout le monde est ravi de l’ambiance, de l’organisation, du parcours, une bien belle édition en somme ! J’aurai tant aimé boucler ce deuxième tour que je me vois dans l’obligation de m’inscrire à la prochaine Raize, et qui sait je passerai peut-être au rouge.

Un grand bravo à l’organisation et un grand merci aux bénévoles qui ont œuvré à ce millésime.

Très sincèrement, Rodolphe, Le SWATT.

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